Zao Wou-Ki, la Lumière et le Souffle

Découverte hier de l’œuvre de l’artiste Zao Wou-Ki et je suis toute émotionnée… par ses œuvres à la force fulgurante, aux couleurs puissantes mais aussi par l’harmonie infinie qui s’en dégage.

 « Je peins ma propre vie, mais je cherche aussi à peindre un espace invisible, celui du rêve, d’un lieu où l’on se sent toujours en harmonie, même dans des formes agitées de forces contraires » – Zao Wou-Ki

« Je voulais peindre ce qui ne se voit pas, le souffle, la vie, le vent, le mouvement, la vie des formes, l’éclosion des couleurs et leur Fusion » Zao Wou-Ki

Expérience pour moi très sensorielle que la contemplation de ces grands tableaux, où dansent la matière et la lumière. Comme une ouverture réceptive à la générosité de la vie. Le pressentiment par contagion d’une dimension plus universelle où sont unis l’absolu et sa manifestation. Et l’inspiration joyeuse à me laisser traverser, guider, par le souffle créateur…

 

« Entends-tu ce souffle qui vient de loin,

Plus loin que toute mémoire,

Plus loin que tout horizon ?

Ne l’entends-tu pas résonner

Pourtant, basse continue,

au plus intime de toi ?

Le voilà qui se transmue devant toi

En gestes inauguraux, en couleurs d’aurore en signes habitables,

Pour te signifier que lui, le Souffle

Qui nous habite tous se doit d’être sans cesse incarné.

L’invisible ne se révèle que par le visible ;

L’infini ne rayonne qu’à travers la nécessaire finitude.

Se déploie alors devant toi

L’espace offert qui s’enivre de sa propre incantation

Sous les nuages déchirés, les prairies fleuries boivent les rosées de tout leur soûl,

Sans égard pour l’ombre de la mort qui plane.

Les glaciers à précipices, eux,

N’ont cure de l’abîme qui les attend.

Tout tend vers l’élan, tout tend vers l’instant, tout s’essaye à l’espérance,

Obscurs et éclats alternés,

Murmures et clameurs emmêlés,

La ronde des saisons reprendra le flambeau de la promesse initiale.

Toi qui prêtes l’oreille et l’œil, laisse-toi entraîner par la superbe rythmique,

Sur la voie qui mène à l’impondérable vie ouverte »

 

–  Extrait de « A Celui qui contemple l’oeuvre de Zao Wou-ki »,

par François Cheng (membre de l’Académie Française)