Les mystères de l’arc

Si vous avez déjà pratiqué plus d’une fois avec moi, vous savez qu’il est rare qu’on ne rencontre pas, au cours de notre séance, cette posture emblématique du yoga

Eh oui, j’ai beaucoup de mal à m’en passer, tant est puissante son énergie, tant sont grands ses atouts.

Alors je pourrais en évoquer rapidement les bénéfices ostéo-articulaires, musculaires, physiologiques (assouplissement vertébral, des épaules et des hanches, amélioration du rendement respiratoire, stimulation du système digestif, apaisement des tensions nerveuses…), et je serais bien loin d’en avoir fait le tour.

Pourquoi ? Parce qu’une posture se vit dans son expérience de l’instant. Dans la conscience de la sensibilité du jour, je « m’entends » et m’ajuste avec les forces en présence. Ainsi, la posture m’ouvre à une réalité mystérieuse, profonde, et c’est bien là l’essentiel. Se rapprocher de soi-même.

« Lorsqu’un Hindou traditionnel pratiquait jadis les âsanas, il rendait avant tout hommage à la Puissance divine. Chaque attitude corporelle était associée pour lui à un aspect de la Nature, à une « matrice » ou condition d’existence. Tantôt il devenait arbre, tantôt lotus, ou bien poisson, grenouille, crocodile, tortue, coq, paon, corbeau, cygne, chameau, cheval ou lion. Parfois il se hissait au-dessus de l’humanité en évoquant par sa posture un héros, un sage, un génie, un dieu. Il récapitulait ou anticipait toutes les formes possibles de manifestation et c’est ainsi que son corps devenait sacré, temple du divin. Et même, lorsque fatigué, il se couchait pour imiter le « Cadavre », il devait goûter un état qui allait bien au-delà de la « relaxation » ». (Pierre Feuga, Le chemin des flammes).

Chaque posture possède ainsi ses propres lignes de force et nous relie à un archétype. Au-delà de la forme, c’est une occasion de nous mettre en lien avec certaines énergies. En éveillant ces énergies, en les intégrant progressivement, on libère le vivant ; c’en est en même temps, plus profondément, une célébration.

Dhanurasana : la posture de l’arc
Etabli dans la posture, le corps prend la forme d’un arc tendu dont les bras représentent la corde et la ligne courbe tracée des épaules aux pieds, l’arc proprement dit.

En suspension de souffle, l’arc se vit comme un véritable déploiement. Le feu du ventre fortement en contact avec le sol, se combine avec l’ascension des jambes et l’ouverture en légèreté de la cage thoracique.

L’arc me permet de découvrir mes encombrements, mes conditionnements, en lien avec cette dynamique tout à fait particulière dans laquelle il me propose d’entrer. Il me renseigne sur ma capacité à m’ouvrir à la Vie, à m’affirmer en vérité, dans une attitude tout à fait opposée à celle de la victime ou du « contraint-captif-responsable » (qui va sa vie durant les épaules rétrécies pour témoigner ostensiblement de son triste destin). Il m’invite à la Confiance, à contacter la foi en soi et en la Vie.

Ainsi appréhendé, l’entraînement du corps m’éveille l’esprit, me transforme. Il ne me fait pas devenir autre, mais un « meilleur moi-même », plus en lien avec mes désirs profonds.

Et ce bonheur d’être soi, ici et maintenant, s’exprime au travers de l’action et de la non-action. Incroyable paradoxe… lorsque dansent ensemble une intention puissante (celle de l’élan du coeur) et le lâcher-prise, que l’acceptation et l’affirmation sont équilibrées et harmonieuses, se dégage un parfum de fraicheur et de complétude. Serait-ce là, la cible visée par l’archer ?

Illustration image d’en-tête : Leslie Duchêne (Ulycap Illustrations)

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